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mardi 15 décembre 2009

L'airial de Martine Dubourdieu



L’herbe est bien verte ce matin
Fraîchement perlée de rosée
Et sur son voile de satin
Les chênes aiment s’y reposer
Dans ce petit hameau tranquille
Entre landes et voûte des cieux
Loin du brou-ha-ha de la ville
On entend le concert gracieux…
Des oiseaux dont le chant s’éveille
Aux toutes premières lueurs,
Des animaux qui se réveillent
Sont de suite de bonne humeur…
Par le parfum que la nature
Nous offre généreusement
Il n’y a jamais de clôture
Dans la forêt des pins galants…
Où la résine qui diffuse
Sa sève parfumée de miel
Sous les aiguilles qui s’amusent
A toucher le plus haut du ciel…
Je vous invite mes amis
A venir simple et simplement
Pour découvrir ce petit nid
Où dort la nuit timidement


L’airial de Martine Dubourdieu

vendredi 4 décembre 2009

Mon pays d'Eliette Dupouy




« Les Cahiers d’Eliette » de Eliette DUPOUY Collection d’ici et d’antan Editions de la Palombe

Mon Pays

Je t’aime tant mon pays,
Avec ta lande de pins !
Perchée sur mes échasses,
J’ai tant couru la lande,
Mon Dieu, qu’elle est grande !
Je ne voyais rien que des pins
Tout au long du chemin,
Du soir au matin,
J’ai parcouru la Chalosse,
Et puis le Marensin,
J’ai vu toutes les plages
Qui bordent la mer,
Et tous ces esteys
Où se reflètent les pins,
Je suis allée, Dieu vivant,
Jusqu’à Mont-de-Marsan,
J’ai vu les derricks,
Là-bas, à Parentis.
J’ai retrouvé tout çà en arrivant à Lugos,
J’ai vu le Tourne-Boulet (coccinelle)
Son pays, c’est au Muret.
On dit qu’à Belin-Beliet
Les gens ne valent pas
Un coup de sifflet,
Mais à Belhade et à Mano,
Ils valent mieux que tout cela.
Au Barp, à Salles et à Mios,
Je me suis mouillée jusqu’aux os,
Je suis allée faire un tour
Au Bassin d’Arcachon.
Manger des huîtres et des sardines,
Des pétoncles et des moules.
J’ai fait le tour du Bassin.
Je suis montée sur une pinasse.
Je me suis levée bien tôt
Pour aller à Bordeaux.
Je suis allée voir la foire
Et les grands magasins.
Tout ceci était vraiment beau,
Mais j’aime ma tranquilité.
Je m’en suis revenue tout droit,
Vers Belin-Beliet.

J’ai trouvé dans ce recueil de poèmes des textes d’une grande sensibilité et surtout une ouverture sur le monde vu par une petite paysanne qui tout en gardant les vaches dans les prés couchait sur des cahiers d’écoliers ses pensées, ses observations.

mardi 10 novembre 2009

Le gemmage du pin






Le Résinier D’Eliette Dupouy


Au point du jour le résinier
Le matin est levé,
Les pins va pourguer
Et l’écorce enlever.
Nous sommes en janvier
Puis il va cramponner,
De son maillet de bois,
Il va placer le zinc,
Une pointe pour tenir le pot de pin,
Son panier en est plein.
Il va de pin en pin,
Il lui faut se hâter,
Car tout bon résinier
Coupe en Février.
Le hopchot aiguisé,
Pratique pour la saignée.
Les gemmelles coupées à ses pieds ont roulé.
La gemme goutte à goutte
Dans le pot s’égoutte,
Durant toute l’année,
Une fois par semaine va couper,
Six fois dans l’an va ramasser.

Quand le printemps paraît,
Premier amasse fait,
La couarte est dans le seau
Qu’il remplit jusqu’en haut,
De sa palette, il a vidé le pot.
La couarte sur l’épaule chargée,
Au barque va vider.
C’est un grand baquet
Dans la terre enterré,
Puis il faut barrasquer.

Quand septembre a sonné
La carre faut gratter,
Dans la toile de sac au pied du pin étalée
Le barras va tomber,
Puis à la gemme sera mêlé,
Dans la barrique vidée,
Vers la distillerie
Enfin sera partie.

Tu as un beau métier,
Mon pauvre résinier,
Il ne faut pas fumer,
Danger pour la forêt,
Tu as la liberté et la tranquillité.
Ton fils n’a pas compté,
Marcher sur tes données
Il a voulu gemmer,
Oui mais à l’activé
Lorsque tu es passé,
Là au bord du sentier
Tu l’as trouvé tout recroquevillé,
Ton ami l’écureuil,
Il a bu dans le pot de l’eau empoisonnée
L’acide l’a tué !
Tu as vu le berger,
Trois brebis ont crevé
Qui s’y désaltéraient,
Ton fils dépité,
A tout abandonné,
Quand tu auras cessé
Nul pour te remplacer
Un beau métier
A nouveau disparaît.






Les outils de gemmeur 
(informations de Raymond Mano)

Lou hapchot (gascon) : outil pour tailler la care. Il fait tomber les gemmelles pour faire couler la résine qui tombe dans le pot Hugues

Lou hapchot pour tailler les cares hautes.
L’échelle s’appelait pitey

Rasclette à barasqua : outil pour la récolte du barras (gemme dure qui colle sur la care)

L’outil pour écorser l’emplacement de la care

Le pousse crampon courbe : outil pour fixer le zinc sur la care au dessus du pot Hugues

Le pousse crampon droit : outil pour détourner la gemme sur le zinc courbe.

La couarte : sceau pour porter la gemme d’un pin à l’autre

la couarte en bois date du XIXème siècle

la couarte en zinc date du XXème siècle

La paleute ou palette : outil pour vider les pots Hugues dans la couarte.

Le zinc sert à faire tomber la gemme dans le pot Hugues.
Le pot ascentionnel Hugues a été inventé en 1845 par Monsieur Hugues (avocat bordelais) pour ne plus faire couler la gemme dans un trou au pied du pin.

La gemmelle : copeau de bois fait par le hapchot




dimanche 8 novembre 2009

L'airial landais


« Il faut savoir lever le pied, prendre la petite route et s’enfoncer délicatement sur le chemin blanc, pour approcher l’airial, ce lieu de vie ancestral si propice au ressourcement, qui charge d’émotions le paysage landais » (l’airial landais CAUE des Landes )

L'airial désigne, dans les Landes de Gascogne, une clairière au cœur du massif forestier, regroupant quelques maisons et leurs dépendances, grange, bergerie, poulailler...(Wikipédia)

Dans le département des Landes, un airial est une clairière au milieu des pins plantée d'essences diverses, une étendue de pelouse, sur laquelle ont été construits au fil du temps la maison d'habitation et les petits bâtiments d'exploitation nécessaires à une société rurale. (casadei.blog.lemonde.fr commentaire sur le livre de Jean Paul Kauffmann « la maison du retour » Editions NIL)

L’airial :


- c'est une clairière (et non une forêt)

- elle est lumineuse (et non sombre)

- elle est fraîche (et non brûlante)

- elle est vert clair (et non vert foncé)

- elle est habitée (et non déserte)

- elle est ouverte et aérée (et non close et refermée)

- elle est plantée de quelques feuillus : chênes (et non pins).





J.Gracq : La route « débouche de loin en loin sur les clairières de contes de fée, où les maisonnettes, couchées à l’ombre sur la pelouse ont la dispersion bizarre et rêveuse d’un troupeau qui rumine logé au large sous des chênes.

 Félix Arnaudin « habitat et architecture rurale de la Grande Lande »




L’airial est une réalité issue du très vieux système agropastoral landais, dont la mise en place remonterait à la fin de l’époque médiévale.


Sur le site internet du parc régional des landes de Gascogne l’airial est définit comme «un aménagement de l’espace : « les bâtiments d’habitation et d’exploitation qui se déploient sur une pelouse (due à la présence et à la fertilisation des animaux) plantée de feuillus (chênes, châtaigniers, arbres fruitiers…) et ouverte à la circulation des hommes et des bêtes. »

Il faut 100 hectares de lande pour nourrir 100 brebis
Il faut 100 brebis pour obtenir 60 tonnes de fumier
Il faut 60 tonnes de fumier pour fertiliser 4 hectares de champ
Il faut 4 hectares de champ pour produire 4000 kg de grain de seigle.
Il faut 4000 kg de grain de seigle pour obtenir 3200 lg de farine
Il faut 3200 kg de farine pour fabriquer 4000 kg de pain
Il faut 1 kg de pain de seigle par jour pour nourrir un adulte
Soit 4000 kg de pain par an pour une famille de 10 personnes.

Le terme d’airial est gascon et exclusif des Landes. Il vient du latin area, aire; occitan : airal, aire, espace vacant, terrain autour d'une maison. Etymologiquement l’airial est en quelque sorte l’aire dans le sens surface.

Au XIIIe siècle l’eyrial désigne l’emplacement concédé par le seigneur pour l’édification d’une maison.

Les airiaux semblent être les derniers vestiges architecturaux et paysagers d’un système économique et social qui s’étendait autrefois entre Adour, Garonne et Océan (le journal des Leyres n° 20 janvier et février 2002)


Ilot de colonisation au milieu de la lande désertique et marécageuse, il va à partir du XVIIe siècle correspondre à un front de drainage et de défrichement.


L’airial est spécifiquement landais. En 1993 l’airial a même été labellisé par le ministère de l’environnement. Dans La maison du retour de Jean ¸l’auteur parle de « la maison dans la clairière »


Aux Vieux Chênes